Il y a très, très longtemps le bon Dieu avait son fils sur la terre. Il s’appelait Aïseu Compère Dieu. Oui, il n’habitait pas n’importe où. Il habitait sur une maison suspendue sur un nuage. Dans cette maison, il y avait tout ce qu’on pouvait imaginer comme beauté, comme merveilles. Aïseu Compère Dieu ne vivait pas tout seul. Il habitait dans cette belle maison avec sa fille. Elle était riche, elle ne travaillait pas. Aussi, comme tous les riches, elle arrivait à inventer son propre travail.
C’est ainsi que la fille de Aïseu Compère Dieu a été la première à inventer la première crèche du monde. Lorsque les mamans passaient par là pour se rendre aux champs, elles disaient une formule magique et la maison suspendue descendait des nuages. À ce moment-là, la fille de Aïseu Compère Dieu sortait et prenait le bébé. Et la maison remontait se suspendre dans l’air. Dans cette belle maison, il y avait tous les jouets possibles et imaginables.
La fille de Aïseu Compère Dieu s’occupait très bien des enfants dont elle avait la garde. Le soir venu, lorsque les mamans retournaient au village, elles passaient toujours par là, sous la même maison suspendue. Et elles disaient la même formule magique. La maison se posait sur le sol. Ainsi les mamans revenaient rechercher leurs bébés. Mais à chaque fois, elles n’oubliaient pas de demander à la fille de Aïseu Compère Dieu, combien elles devaient payer. Celle-ci disait toujours « Non, ça va. De rien, pour rien. »
La fille de Aïseu ne faisait pas payer ses services. Oh ! de nos jours, ce n’est pas tous les riches qui en feraient de même. Et chaque jour, c’était la même chose.
Puis, le temps a passé. Puis un jour, pour une histoire que je vous raconterais un autre jour, la belle demoiselle, la fille de Aïseu Compère Dieu, s’en est allée et n’est plus jamais revenue.
Mais depuis que je vous raconte cette histoire de la fille de Aïseu Compère Dieu, vous ai-je dit comment elle s’appelait ?
Vous savez comment sont les hommes. Vous avez beau être aimable avec eux, ils arrivent toujours à vous trouver un surnom.
La fille de Aïseu Compère Dieu, les hommes ont fini par la surnommer « Yéyé », ce qui signifie « pour rien ».
Voilà, depuis le départ de Melle Yéyé, lorsque les mamans se rendaient aux champs, elles étaient obligées de porter leur bébé dans le dos pour travailler. Mais quand elles étaient fatiguées, elles essayaient de déposer leur bébé dans un petit coin sous une feuille de bananier. Et lorsque leur bébé pleurait, elles se demandaient si leur bébé n’avait pas été piqué par un insecte ou mordue par une bête quelconque. Rien, toujours rien après vérification. Alors elles se demandaient si leur bébé n’avait pas fait pipi, caca ou quelque chose de ce genre.
Donc la réponse était « Oh ! le bébé, il pleure pour rien. »
Mais en réalité, un bébé ne pleure jamais pour rien. Si un bébé pleure, racontez-lui cette histoire et dites-lui que Melle Yéyé, un jour reviendra…
Le souvenir qui est resté là-bas au village, est cette berceuse que vous pouvez apprendre et chanter avec moi…